Fils d’un maître cordonnier, Victor Horta né à Gand le 6 janvier 1861. Dès l’âge de 12 ans, le jeune Victor décide de faire carrière dans le domaine artistique. Renvoyé des divers écoles qu’il intègre, son oncle, entrepreneur en bâtiment, l’engage et développe sa fascination de la construction. Son père l’envoie alors à Paris, où il travaille à Montmartre, à l’atelier de l’architecte-décorateur Jules Dubuysson. Il y découvre l’importance de l’architecture d’intérieur et des arts décoratifs.
A la mort de son père, en 1880, il rentre en Belgique et poursuit ses études à l’Académie de Bruxelles dont il sortira en 1884 avec la médaille d’or.
Chez l’architecte du Roi Léopold II, Alphonse Balat, Il participe à l’édification des serres du château de Laeken où le fer constitue l’élément décoratif. Cette réalisation ainsi que ses influences garderons une trace dans ses oeuvres en introduisant de grandes quantités de métal apparent. Citons, Joseph Poelaert et son Palais de Justice où la pierre dissimule une architecture de fer et Ernest Jean Hendrickx, professeur à la Faculté Polytechnique de l’Université Libre qui réalise l’extension des bâtiments universitaires où il utilise de grandes quantités de métal apparent.

S’inspirant de la nature sans en être une imitation, le style Horta se base sur la courbe et double courbe qui s’enlacent et s’opposent, les pédoncules, griffes et plissures. Couvrant les murs, plafonds, meubles, sols et quincailleries la “ligne coup de fouet” crée une continuité entre les éléments. Armand Solvay, commanditaire de l’hôtel éponyme, conclu d’ailleurs que seul un objet dessiné par Horta peut intégrer ses réalisations, puisqu’il va jusqu’à réaliser les sonnettes de ses maisons.
En 1915, Horta découvre, à l’occasion de conférences aux États-Unis, les gratte-ciel. Cette conception architecturale nouvelle l’influence, s’essayant à son retour à des matériaux neufs, tel le béton et abandonnant la courbe pour un style plus cubiste.
La guerre le pousse à retourner, après une étape londonienne, en Amérique où il prépare la  reconstruction de la Belgique. De retour en 1919, il se sent mis à l’écart d’un projet qu’il avait minutieusement réfléchi. Il vend sa maison-atelier et se lance dans de grandes réalisations (hôpital Brugmann, musée des beaux-arts de Tournai). Anobli au titre de baron par le Roi Albert en 1932, Horta fini sa vie le 9 septembre 1947 sans pouvoir achever la gare Centrale de Bruxelles.
Victor Horta, voulu libérer l’architecture de son héritage en inventant moulures, profils, décorations et tirer parti de la diversité des matériaux et techniques de son temps. Cette démarche qui lui fut reprochée, notamment par Alphonse Balat, “Comment osez-vous inventer des profils, alors que vous avez à votre disposition tant de beaux exemples du passé ?”, fut reconnue par une opinion internationnale sensibilisée au style “nouille” de ses plagiaires. La bruxellisation détruisant l’hôtel Aubecq, en 1950, puis la Maison du Peuple, en 1965, vécue comme du vandalisme, aboutie à l’ouverture du Musée Horta, en 1969.

Le témoignage de Dautzenberg montre le travail précis et artisanal de Horta :
“Les premières études sont réalisées sur calque, c’est-à-dire, le tracé des grands axes et des niveaux ; ensuite crayonnage au gré de sa fantaisie, sans souci de la construction, puis sans se préoccuper de sa première étude, rechercher la décoration et les proportions. Après avoir réalisé plusieurs avant-projets, il en recommençait les tracés avec plus de simplicité et de précision, mais revenait souvent à sa première idée ; après quoi il mettait son travail au point à l’échelle de 0,01 par mètre et le passait à un collaborateur pour exécution à 2%, puis 5%. Tous les motifs décoratifs étaient mis au carreau, puis passaient à l’atelier de sculpture où il surveillait la réalisation. La commande de pierres à 5% est réalisée par monsieur Pringiers, dessinateur et constructeur de tout premier plan. (…)
Monsieur Horta venait chaque jour à la table pendant une demi-heure. Ces plans (ceux des commandes de pierre) terminés, il fallait réaliser au fur et à mesure les tracés grandeurs : monsieur Horta ayant un réel souci de ce que ses lignes soient scrupuleusement respectées. (…)
Dans ce but, M. Pringiers avait décidé de tapisser de papier clair, le grand mur du bureau ; ensuite à deux, nous avons procédé au quadrillage à 0,01 (travail fait au tire-laine avec précision), cette mise au carreau permettant le tracé en grandeur, avec une scrupuleuse exactitude, de l’original. (…)
Après avoir fixé ses feuilles de calque de 1,5 m de large sur toute la hauteur du mur, je reproduisais au fusain tous les éléments de la façade, en commençant dans l’ordre des travaux : entrée principale, petite fenêtre contiguë dont le cadre inférieur était en granit d’Ecosse, puis tous les éléments contigus. Les faces étant terminées, on superposait sur la première feuille une seconde pour établir les coupes et les plans. (…)
Ces tracés étant terminés, monsieur Horta venait les vérifier en se plaçant à distance pour comparer les plans à 0,05 avec les tracés grandeur, mais le recul n’étant que de 6 m, il mettait des lorgnons munis de verres semblables aux jumelles afin d’obtenir un éloignement plus grand. Il lui arrivait d’apporter une rectification, tout en restant dans le module du carreau. Après cet examen, je traçais au crayon gras ce qui avait été fait au fusain, et une copie était remise à l’atelier de la sculpture. (…)

Cet atelier avait été aménagé spécialement en hauteur, dans le fond de l’immeuble, n°23, et était dirigé par les sculpteurs Leide et Rosenberg, accompagnés par un modeleur. Sur un bâti, de l’importance des portes et fenêtres, on appliquait des plaques de plâtre coulées dans l’atelier par un mouleur-staffeur. Une fois la masse terminée, les sculpteurs y appliquaient la terre glaise d’après les tracés remis. Au fur et à mesure du modelage ; Horta venait se rendre compte du résultat, donnant aux sculpteurs ses directives en accusant les creux ou saillies du modèle, etc. Après de longues séances dans cet atelier, et son accord, il était procédé au moulage avec “bon creux” permettant d’en tirer plusieurs exemplaires.”

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Cet article a été posté le Jeudi, 24 juillet, 2008 à 17:59 • Par Charles Longueville.
Catégories: Architecture, Cinéma, Découverte.

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